Editions K’Noé, collection « Une nouvelle pour comprendre une maladie », 2006
La salle d’escrime de Lussan est soudain devenue silencieuse. Tous les regards se concentrent sur Pierre Chadebeck, le maître d’armes, qui fonce vers le tapis conducteur où deux fleurettistes sont à l’arrêt, l’un en garde, l’autre simplement immobile.
« Stéphane, si tu fais encore partie de l’équipe, tu te réveilles, sinon je te raye de la liste, ce sera plus simple pour les sélections ! » hurle l’entraîneur à son escrimeur vedette.
Stéphane Montesson n’a pas l’air très impressionné. Il soupire, abaisse son masque, un écran de toile métallique à mailles serrées garni de bourrelets, connecte son filin à sa veste conductrice et se met en garde de sixte. Son adversaire engage : marcher fente. Sans enthousiasme, Stéphane attaque au fer : battement, pression. Touché ! L’enregistreur sonne. Il devrait jubiler, mais il reste impassible, le fleuret pendant au bout du bras…